Alexandre (336-323 av. J.C.)

Alexandre (336 av. J.C.)

Il naquit le 19 juillet 356 av. J.C., le jour même où un insensé, Erostrate, pour se rendre célèbre, fût-ce même par une mauvaise action, brûlait le temple fameux de Diane, à Ephèse. Les grands traits de son caractère se montrèrent dès l’enfance dans les petites choses. Sacrifiant un jour aux dieux, il jetait l’encens sur l’autel à pleine poignée. Un de ses maîtres, le parcimonieux Léonidas, l’en reprit. « Attendez », lui dit-il, « pour faire de telles offrandes, que vous possédiez le pays où croit l’encens. » Plus tard, maître de l’Asie, Alexandre envoya à Léonidas cent talents pesants d’aromates, en l’invitant à n’être plus chiche envers les dieux.

Un autre jour, on amène à Philippe un cheval que personne ne parvient à dompter. Alexandre remarque que l’animal, très effarouché, a surtout peur de son ombre; il lui tourne la tête vers le soleil, le flatte, l’apaise, puis d’un bond s’élance sur lui. En vain le cheval veut se dégager de son hardi cavalier, Alexandre l’étreint, le pousse en avant, l’épuise par une course furieuse et le ramène dompté. Bucéphale, toutefois, ne se laissa jamais monter par d’autres.

Comme Achille, qui fut longtemps son modèle, Alexandre excellait à la course et dans tous les exercices du corps. Mais quand on lui demandait s’il disputerait le prix à Olympie : « Oui », dit-il, « si pour rivaux j’y devais trouver des rois. » Il savait par coeur l’lliade et une partie de l’Odyssée.

Aristote cultiva en lui les dispositions sérieuses. Elles ne manquaient pas. Encore enfant, il avait étonné les ambassadeurs perses en les questionnant sur les routes, les distances, les forces de l’empire du grand roi. Il voulut tout apprendre d’Aristote : philosophie, littérature, science, même la médecine, que plus d’une fois il pratique pour ses amis; et son esprit, naturellement porté aux grandes choses, fut affermi dans cette voie et élevé encore par les entretiens du plus puissant penseur de l’antiquité. Léonidas avait fait de son élève un agile et brillant soldat. Aristote en fit Alexandre.

A dix-sept ans, Alexandre fut chargé d’administrer le royaume en l’absence de son père, occupé contre les Scythes; à vingt ans, il régna pour son compte. Il trouvait un édifice chancelant à l’intérieur et au dehors. Mais il avait pour lui les soldats charmés de sa brillante valeur, le peuple gagné par ses largesses, et mieux que tout cela, son génie.

Destruction de Thèbes (335 av. J.C.)

Il se débarrassa d’abord des complices réels ou supposés de l’assassin Pausanias, et apprenant que de grands mouvements avaient éclaté dans les pays conquis, à la nouvelle de la mort de son père, il les réprima par de soudaines et irrésistibles attaques : en moins d’un an, il défit les Triballes, les Péoniens et les Gètes, au-delà du Danube.

La Grèce aussi s’agite; Démosthène a donné le signal dans Athènes. Triste et portant le deuil de sa fille, morte depuis sept jours, il apprend, par un courrier secret, l’assassinat de Philippe. Aussitôt il se revêt de vêtements blancs, se couronne de fleurs, et court annoncer au sénat que les dieux lui ont révélé par un songe la mort du Macédonien. Bientôt la nouvelle se confirme, et Démosthène fait décerner une couronne à l’assassin. C’étaient deux mauvaises actions, une ruse inutile, et une offense à la moralité publique. Cependant des émissaires parcourent la Grèce pour la soulever. Mais Alexandre, à la nouvelle de cette effervescence, repasse le Danube et le mont Hémus, traverse en six jours la Macédoine et la Thessalie, et arrive aux Thermopyles. « Démosthène m’appelait enfant », dit-il, « lorsque j’étais en Illyrie, jeune homme lorsque j’arrivai en Thessalie; je veux lui montrer au pied des murs d’Athènes que je suis un homme. » Il n’alla pas plus loin que Thèbes. Cette ville prise, ses maisons rasées, à l’exception de celle de Pindare, 6000 de ses habitants tués et 30000 vendus épouvantèrent les Grecs.

Diogène (335 av. J.C.)

Un homme étonna cependant le jeune victorieux. A Corinthe, Alexandre alla voir Diogène. « Que veux-tu de moi? » demanda-t-il au philosophe, assis au pied d’un mur. – « Que tu t’ôtes de mon soleil. » On dit que le roi s’écria : « Si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène ». Il n’y a que deux moyens, en effet, d’être au-dessus de la fortune, par le dédain ou par la force, et le premier est le plus sûr.

Alexandre généralissime de la Grèce (335 av. J.C.)

Dans cette même ville de Corinthe, Alexandre convoqua l’assemblée générale de la Hellade, et reçut d’elle le titre de généralissime des Grecs pour l’expédition que son père avait préparée contre l’Asie.

Victoire du Granique (334 av. J.C.)

Il laisse Antipater en Macédoine pour veiller à la tranquillité de ses domaines d’Europe, et, partage entre ses amis tout son patrimoine. « Mais que gardez-vous donc, » lui demande-t-on? – « L’espérance, » – répond-il. Il franchit alors l’Hellespont et prend terre le premier sur la côte d’Asie avec 30000 fantassins et 4500 cavaliers. La lutte commence sur les bords du Granique où 110000 Perses veulent l’arrêter et sont battus. Alexandre y courut au risque de sa vie; Clitus le sauva en tuant un ennemi qui allait le frapper par derrière.

Conquête de l’Asie Mineure (334 av. J.C.)

Il se dirige, après cette victoire, le long des côtes occidentales de l’Asie Mineure. En s’emparant des cités maritimes, il empêche Darius de lever en Grèce des soldats ou d’y exciter des troubles; car il s’était aperçu, au passage du Granique, que les plus sérieux obstacles qui viendraient des Grecs mercenaires servant dans les armées du grand roi. En quelques mois, toute la presqu’île fut conquise.

Le noeud gordien (334 av. J.C.)

A Gordion, en Phrygie, se trouvait dans le temple de la ville le char d’un ancien roi du pays, dont le joug était attaché au timon par un noeud si artistement fait, qu’on n’en voyait pas les bouts. Un oracle qui courait parmi le peuple promettait l’empire de l’Asie à celui qui saurait le dénouer. Alexandre le trancha d’un coup d’épée et prétendit avoir accompli l’oracle. La victoire d’Issus (Issos) lui donna raison.

Le médecin Philippe (334 av. J.C.)

Alexandre fut arrêté en Cilicie par une maladie qui faillit changer le sort du monde. Un jour, tout couvert de sueur, il s’était baigné dans les froides eaux du Cydnos. Une fièvre violente le prit, et bientôt on désespéra de sa vie. Un Acarnane, le médecin Philippe, son ami, osa seul tenter de le sauver en préparant pour lui un breuvage qui devait agir violemment. Alexandre reçut au même moment une lettre de Parménion, qui l’avertissait de se méfier du médecin, vendu aux Perses. Darius avait récemment promis, en échange de la vie du roi, mille talents à un de ses généraux et le trône de Macédoine. Le complot avait été découvert, un autre pouvait être ourdi. Alexandre n’en voulut rien croire, et, d’une main présentant à Philippe la lettre qui l’accusait, de l’autre il porta la coupe à ses lèvres et la vida d’un trait, montrant ainsi, avec un courage plus rare que celui du champ de bataille, sa confiance en ses amis et sa foi dans la vertu.

Victoire d’Issus (Issos); conquête de la Syrie et de l’Egypte (333 av. J.C.)

Cependant Darius approchait avec une immense armée de 400000 fantassins et de 100000 cavaliers. Alexandre l’atteignit à Issus (Issos), à l’entrée de la Syrie, le battit, et laissant dédaigneusement le grand roi fuir devant lui, il continua de longer les côtes, traversa la Syrie, s’empara de Tyr après un siège de sept mois, et entra par Péluse en Egypte. Il y fonda sur la Méditerranée, à portée du Nil et de la mer Rouge, une ville de son nom, Alexandrie, qui devint bientôt le principal entrepôt du commerce du monde. D’Alexandrie, il alla consulter, dans le désert, l’oracle célèbre d’Ammon, qui le déclara fils de Jupiter.

Victoire d’arbelles (Arbèles) (331 av. J.C.)

Alexandre avait alors enlevé à Darius toutes les parties maritimes de son empire qui regardent la Grèce; il pouvait donc se mettre enfin à la poursuite de ce prince, sans avoir à craindre qu’une révolte fût excitée derrière lui. Il traversa de nouveau la Palestine et la Syrie, et franchit l’Euphrate. A son approche, les Perses, effrayés, s’enfuirent derrière le Tigre. Alexandre les y suivit; car il pressait maintenant les Perses avec autant de vigueur qu’il avait paru mettre jusqu’à présent d’indifférence à les trouver sur son chemin. Il rencontra leur armée dans la plaine d’Arbelles (Arbèles) et la culbuta sans beaucoup de peine (331 av. J.C.).

Occupation des capitales de la Perse (331-330 av. J.C.)

Alexandre, sûr maintenant qu’aucune armée du roi de Perse ne pourrait tenir tête à ses Macédoniens, laissa fuir encore ce prince et descendit à Babylone, où il sacrifia à Bélus dont il releva le temple renversé par Xerxès. C’était une satisfaction donnée aux Babyloniens et un moyen de les gagner. Alexandre agit de même partout, visitant les temples célèbres et honorant les dieux qui y étaient adorés afin de se concilier l’affection des peuples.

Après un court séjour à Babylone, il s’empressa d’aller occuper les autres capitales de Darius : Suses, où il trouva d’immenses richesses; Persépolis, la métropole de l’empire, et Pasargarde, la ville sainte des Perses, celle où se faisait le couronnement des rois. Maître du Sud de l’empire, il remonta alors vers le Nord pour se remettre sur les traces de Darius et atteignit Ecbatane.

Mort de Darius (330 av. J.C.)

Darius était parti de cette ville depuis huit jours. Alexandre, résolu maintenant à en finir avec ce prince, le poursuivit avec une impétueuse ardeur. En onze jours, il fit 480 kilomètres et désespérait cependant de l’atteindre, quand vers les portes Caspiennes deux serviteurs du roi vinrent annoncer que Bessus, satrape de la Bactriane, avait enchaîné Darius et le traînait à sa suite. Les Macédoniens reprennent aussitôt la poursuite. Bessus, sur le point d’être atteint, égorge son prisonnier qui retarde sa fuite, et laisse le cadavre dans les mains d’Alexandre, qui le fait ensevelir honorablement dans le tombeau des rois de Perse.

Bessus pouvait établir un centre de résistance dans la Bactriane et la Sogdiane; Alexandre ne lui en donne pas le temps. Le satrape, réfugié au-delà de l’0xus, lui est livré; le roi l’abandonne au frère de Darius, qui se venge, en lui faisant souffrir, avant de le tuer, les plus cruelles tortures (329 av. J.C.).

Campagnes au Nord de l’empire (329-328 av. J.C.)

Alexandre passa deux années dans ces régions qu’habitaient des peuplades belliqueuses, et où il eut des villes à fonder pour retenir les Scythes derrière le fleuve Iaxarte, des révoltes à réprimer, surtout celle d’un vaillant satrape, Spitamène, et des forteresses réputées imprenables à renverser. Une d’elles était le roc Sogdien. Quand Alexandre somma le gouverneur de se rendre: « As-tu des ailes? » répondit-il; et il semblait qu’il en fallût pour atteindre l’inaccessible citadelle. Le roi promit 10 talents au premier qui toucherait les murs, et une petite troupe escalada le roc à pic. Dans cette forteresse, Alexandre trouva la famille d’un seigneur perse dont il épousa la fille, Roxane : cette alliance assura enfin le repos de ces contrées.

Mort de Clitus et de Philotas (330-327 av. J.C.)

C’est après ces guerres difficiles et dangereuses qu’arriva la mort de Clitus (328 a. J.C.). Dans un festin où le vin avait trop largement coulé, de vils flatteurs exaltaient Alexandre, au point de le mettre au-dessus de ceux qu’on regardait comme les héros par excellence, Castor et Pollux, au-dessus même d’Hercule. Clitus, indigné, s’écrie qu’Alexandre n’a pas tout fait à lui seul, et qu’une bonne part de sa gloire appartient aux Macédoniens. Et, comme on rabaissait les actions de Philippe pour élever bien au-dessus d’elles les exploits de son fils, le vieux général ne garde plus de bornes: il commence l’éloge du père, fait la satire d’Alexandre, et étendant le bras vers celui-ci : « – Sans le secours de ce bras, » lui dit-il, « tu Périssais dès le Granique. » Ivre de vin et de colère, le roi ne se contint plus; il arrache une pique à un de ses gardes et en perce son sauveur, son ami. Dans cette généreuse nature, le repentir suivit de près la faute. On dit que ses yeux se dessillant aussitôt, il tourna contre sa poitrine la pointe de la pique et allait s’en percer lui-même, quand on l’arrêta. Pendant trois jours, il demeura dans sa tente, sanglotant, appelant Clitus, se maudissant lui-même et refusant toute nourriture.

Une autre tragédie eut lieu quelque temps après, le meurtre du philosophe Callisthène, accusé de complot contre la vie du roi. Philotas avait péri en 330 av. J.C., lapidé par l’armée entière pour un autre complot qu’il n’avait pas révélé; et Alexandre, redoutant que son père, Parménion, voulût le venger, l’avait fait assassiner. Ce sont des tâches fâcheuses pour sa mémoire.

Campagnes dans l’Inde (327-325 av. J.C.)

De la Bactriane, Alexandre se dirigea vers l’Indus. Deux rois régnaient sur ses bords : Taxile, qui vint au-devant du conquérant faire sa soumission; Porus, qui l’attendit fièrement à la tête de toutes ses forces, au-delà du fleuve. Les Macédoniens abattirent toute une forêt pour construire une flotte, et vainquirent le prince indien près de l’Hydaspe. Porus, fait prisonnier, couvert de sang et de blessures, fut conduit devant Alexandre : « Comment prétends-tu être traité? » demanda le vainqueur. « En roi. – Je le ferai pour moi-même; mais pour toi, que puis-je faire? parle- J’ai tout dit. – Je te rends ton royaume et j’y ajouterai encore. » Alexandre tint parole; il chargea le brave Porus de veiller à l’obéissance de toute cette région. Il voulait aller plus loin, passer l’Hyphase, et envahir l’Inde; son armée s’y refusa. Il éleva alors douze autels gigantesques, autour desquels il célébra des jeux; puis descendit l’Hydaspe jusqu’à son embouchure dans l’lndus, et ce dernier fleuve jusqu’à l’Océan, soumettant toutes les peuplades riveraines, fondant des villes, des chantiers et des ports.

Danger que court Alexandre chez les Malliens (326 av. J.C.)

C’est dans cette marche, au siège d’un fort des Malliens, que son courage impétueux faillit lui coûter la vie. Il était parvenu le premier sur les murailles; trois de ses officiers l’y suivirent. Mais les échelles se rompirent, et Alexandre, en butte, sur la crête du rempart, à tous les traits, se précipita seul dans l’intérieur du fort. Acculé au mur et protégé par un tronc d’arbre, il tint les ennemis à distance, tua les plus audacieux qui l’approchèrent, mais tomba enfin, atteint d’une flèche. Heureusement ses trois compagnons l’avaient déjà rejoint, et couvrirent son corps de leurs boucliers. Cette résistance donna aux soldats le temps de franchir les murs et d’accourir en foule. Alexandre fut emporté, évanoui, dans sa tente, et pendant quelque temps on désespéra de sa vie.

Retour à Babylone; navigation de Néarque (324 av. J.C.)

Après avoir exploré avec soin les embouchures de l’Indus, Alexandre retourna à Suses par les déserts de la Gédrosie et de la Carmanie, où nulle armée n’avait encore pénétré. Pendant ce temps, Néarque, son amiral, longeait, avec sa flotte, le littoral et revenait, après 129 jours de navigation, par le golfe Persique, ayant ainsi tracé la route des lndes au commerce. L’année suivante, Alexandre rentra à Babylone (323 av. J.C.).

Etendue de l’empire d’Alexandre (323 av. J.C.)

Son empire était le plus vaste que l’ancien monde eût encore vu. Il avait pour limites, au Nord, le Danube, le Pont-Euxin, le Caucase, la mer Caspienne et l’Iaxarte; à l’Est, les monts Emodes, l’Hyphase et l’Indus; au Sud, la mer Erythrée, le golfe Persique, les déserts de l’Arabie et les cataractes de Syène; à l’Ouest, la mer Intérieure et l’Adriatique.

Sagesse de sa politique (323 av. J.C.)

Après avoir fondé ce vaste empire par les armes, il fallait le rendre durable par la sagesse de l’administration. Alexandre s’appliqua à gagner l’affection de ceux qu’il avait vaincus. Il sacrifiait à leurs dieux, respectait leurs coutumes, laissait généralement entre les mains des indigènes le gouvernement civil du pays, et s’efforçait d’unir les deux peuples par des mariages, comme il en donna lui-même l’exemple en épousant Statira, fille de Darius. Il comptait en outre sur la bienfaisante influence du commerce pour créer entre l’Orient et l’Occident, entre la Grèce et la Perse, des intérêts communs qui feraient de tant de peuples divers une seule et formidable nation. C’est pour cela qu’il avait fondé Alexandrie et tant d’autres cités qui subsistent encore, tant il en avait bien choisi l’emplacement, comme Herat et Kandahar. C’est pour cela qu’il creusait à Babylone un port capable de contenir 1000 galères avec des abris pour les recevoir, et qu’il faisait enlever les barrages que les rois de Perse avaient jetés dans le Tigre inférieur, pour en entraver la navigation.

Mort d’Alexandre (323 av. J.C.)

Malheureusement, la mort ne lui permit pas d’accomplir ses grands desseins. Alexandre, comme tous les Macédoniens, n’estimait pas que la sobriété fût une vertu bien nécessaire; il s’abandonna, sans retenue, aux plaisirs de la table, où tant de fois lui et son père avaient laissé leur raison. Sous la latitude de Babylone cette intempérance était un arrêt de mort. A la suite de plusieurs orgies longtemps prolongées, il fut pris d’une fièvre, dont il avait peut-être gagné le germe dans les miasmes des marais qu’il faisait dessécher. Elle le mina durant dix jours; le onzième il expira dans sa trente-troisième année (21 avril 323 av. J.C.). Quelques semaines auparavant, des députés grecs étaient venus l’appeler dieu et l’adorer.

Lysippe, Apelles (323 av. J.C.)

On dit quelquefois le siècle d’Alexandre comme on dit celui de Périclès et d’Auguste. Le conquérant de la Perse a assez de gloire militaire et politique. Il ne faut pas lui en donner une autre. Il aimait les arts, il aimait les lettres, témoin cette cassette précieuse, où il enfermait l’lliade et qui ne le quittait pas. Mais s’il eut le temps de faire de bons généraux, il n’eut pas celui d’exercer sur les lettres une sérieuse influence.

La grande éloquence était morte avec la liberté : Démosthène se taisait. La poésie ne chantait plus. Restaient les philosophes. Déjà même Platon était mort; mais le maître d’Alexandre, Aristote, lui survivait, et c’est un des plus vastes génies que l’humanité ait produits.

Les arts avaient d’illustres représentants. Le sculpteur Lysippe et le peintre Apelles avaient seuls eu l’Honneur de représenter les traits d’Alexandre. Lysippe était de Sicyone, ville où les arts furent longtemps en honneur; il ne nous reste rien de lui. On lui a attribué le Laocoon. Apelles fut l’ami d’Alexandre; c’était le peintre de la grâce et de la vérité. Dans son tableau d’Alexandre tonnant, la foudre et la main du roi, dit Pline, semblaient sortir de la toile. Ce tableau était un de ses trois chefs-d’oeuvre; les deux autres représentaient Vénus endormie et Vénus sortant des ondes.