Union politique des deux ordres (390 av. J.C.)

Renouvellement des dissensions (390-383 av. J.C.)

Au milieu de ces guerres étrangères, les dissensions intestines avaient recommencé au Forum; et, comme un siècle auparavant, les dettes, résultat de toutes ces guerres, en étaient la cause principale. Camille, lui-même, se montra dur envers ses débiteurs. Nombre de citoyens étaient de nouveau réduits en esclavage, par cela seul qu’ils n’avaient pu restituer l’argent qui leur avait été prêté pour rebâtir leur maison que les Gaulois avaient brûlée, ou ensemencer leur champ que l’ennemi avait moissonné.

Manlius Capitolinus (383 av. J.C.)

Un patricien jaloux de la gloire de Camille, quoiqu’il eût la sienne, Manlius, le sauveur du Capitole, se fit le patron des pauvres et délivra de prison plus de quatre cents plébéiens. Cette libéralité lui fit gagner le peuple à sa cause. Les grands l’accusèrent, comme Spurius Cassius, d’aspirer à la tyrannie. Mais lorsque, devant les comices assemblées, il montra les armes de trente ennemis tués par lui, huit couronnes civiques, trente-deux récompenses militaires, et les cicatrices qui couvraient sa poitrine, et surtout le Capitole qu’il avait sauvé des Gaulois, on l’acquitta d’une voix unanime. Il fallut tenir une nouvelle assemblée, et cette fois hors de la vue du mont Capitole, pour obtenir du peuple l’arrêt fatal. Condamné à mort, on le précipita du haut de la roche Tarpéienne (383 av. J.C.).

Partage du consulat entre les deux ordres (366 av. J.C.)

Manlius n’était qu’un ambitieux; Licinius Stolon et Sextius furent de véritables réformateurs. C’étaient deux riches plébéiens, auxquels l’égalité des deux ordres par le tribunat militaire ne parut qu’un mensonge. Ils demandèrent que le consulat fût partagé, et qu’un des deux premiers magistrats de la République fût toujours pris parmi les plébéiens. Pour intéresser le peuple à cette question, ils présentèrent une loi agraire et un règlement favorable aux débiteurs (376 av. J.C.). Le sénat résista dix ans; mais les deux tribuns se faisaient réélire chaque année : vaincus à la fin par les conseils de Camille, les patriciens cédèrent. Sextius fut le premier consul plébéien (366 av. J.C.), et Camille voua un temple à la Concorde pour célébrer la réconciliation des deux ordres.

Egalité politique des patriciens et des plébéiens (366-302 av. J.C.)

Sous les rois, Rome renfermait deux peuples absolument étrangers l’un à l’autre. La République avait fait de ces deux peuples deux ordres d’un même état, mais profondément distincts. Les lois liciniennes firent vraiment le peuple romain, car tous les habitants de Rome ne formèrent plus qu’un seul peuple dont tous les membres avaient les mêmes droits. Le consulat, en effet, étant accessible aux plébéiens, les autres magistratures le devinrent sans nouveaux efforts : la dictature, en 355 av. J.C.; la censure, en 350 av. J.C.; la préture, en 337 av. J.C.; le sacerdoce, en 302 av. J.C. Tout fut commun alors aux patriciens et aux plébéiens, les honneurs comme le dévouement, et une noble émulation s’établirent entre eux à qui servirait le mieux la patrie.