Arts, sciences et monuments de Egypte (3150-525 av. J.C.)

Médecine

« La médecine est si sagement distribuée en Egypte, qu’un médecin ne se mêle que d’une espèce de maladie, et non de plusieurs. Aussi y a-t-il un grand nombre de médecins. Les uns sont pour les yeux, les autres pour la tête, ceux-ci pour les dents, ceux-là pour les maux d’estomac, d’autres pour les maladies internes ».

Industrie

On admirera les progrès que ce peuple avait déjà fait faire à la civilisation. Un grand nombre d’ouvriers étaient employés au tissage et à la teinture de riches étoffes, et ils connaissaient l’art de travailler les métaux, de fabriquer la porcelaine et le verre, de préparer l’émail et le mastic pour les mosaïques.

Sciences, arts

On a exagéré les connaissances scientifiques des prêtres égyptiens. Il est certain cependant qu’ils cultivèrent avec succès la géométrie ou du moins les parties élémentaires de cette science relatives à la mesure des terres et à la coupe des pierres. Ils étudièrent aussi l’astronomie, car ils avaient trouvé l’année de 365 jours, et savaient parfaitement orienter leurs monuments. Ainsi, on a fait la curieuse observation que la grande pyramide se trouve sous le 30² parallèle qui partage en deux parties égales l’hémisphère septentrional, d’où l’on a conclu que depuis 4000 ans les latitudes terrestres n’ont pas sensiblement changé et que les Egyptiens savaient déjà les calculer. Mais leur mécanique n’employait que le levier, le plan incliné, et surtout la force des bras, pour transporter les masses les plus énormes. C’est ainsi que 120000 hommes furent employés, au témoignage de Pline, pour dresser un des obélisques de Thèbes.

Dans la peinture, ils ignoraient la perspective, et leur statuaire a de la froideur; les bras ne sont pas détachés du corps ni les jambes séparées.

Monuments, temples

Mais leur architecture a souvent l’aspect le plus grandiose, témoin tant de monuments qu’on voit encore dans la vallée du Nil, surtout dans la Thébaïde où ils forment deux groupes principaux; sur la rive droite du fleuve, ceux de Karnak et de Louqsor que réunissait une allée de sphinx de dimension colossale, et sur la rive gauche, ceux de Gournah et de Médinet-Abou.

La salle du palais de Karnak, appelée salle des Colonnes, et que Sésostris acheva, est longue de 103 mètres, large de 50, et ornée de 134 colonnes, égales en grosseur à la colonne de la place Vendôme : quelques-unes, couvertes de bas-reliefs et d’hiéroglyphes, ont 23 mètres de hauteur sur 3 mètres et demi de diamètre, avec des chapiteaux.

Dans le Rhamesséum, on voyait une suite de cours et de salles entourées de colonnes que couvraient d’innombrables hiéroglyphes, récits des glorieux exploits de Rhamsès le Grand. Il renferme aussi un colosse en granit de 17 mètres de haut, représentant ce prince assis sur son trône; c’est la plus grande ruine de statue qu’il soit possible de voir : le pied seul a près de 4 mètres de long. Près de là se trouve la fameuse statue de Memnon, colosse haut de 19 mètres, représentant Aménophis III, les mains étendues sur ses genoux, dans l’attitude du repos.

Obélisque, le labyrinthe, le lac Moeris, les pyramides

Il faut citer encore les obélisques1, dont un dressé par Sésostris est aujourd’hui à Paris; le labyrinthe, les hypogées, ou constructions souterraines pour conserver les corps, le lac Moeris, et les digues, les chaussées, les canaux pour contenir ou diriger les eaux du Nil; enfin les pyramides, montagnes de pierres dont une haute de 142 mètres sur 223 de longueur à la base. Cent mille hommes, au dire d’Hérodote, furent employés à sa construction. La masse de pierre dont elle se compose est d’environ 75 millions de pieds cubes, et on pourrait en faire un mur haut de 6 pieds et long de 1000 lieues. Près de là est un sphinx colossal, portrait du roi Thoutmosis IV, et qui a 33 mètres de long sur 25 de haut. Sa tête a près de 9 mètres du menton au sommet. Il a été taillé dans le rocher sur lequel il repose.

Le labyrinthe dont il vient d’être parlé était un palais ou plutôt une réunion de douze palais renfermant 12 cours et 3000 chambres. Hérodote, qui le visita, fut frappé d’une admiration que l’on sent encore dans son récit. « J’ai vu cet édifice et l’ai trouvé au-dessus de toute expression. Aucun ouvrage des Grecs ne peut lui être comparé, ni pour le travail, ni pour la dépense. Les temples d’Ephèse et de Samos méritent sans doute l’admiration, mais les pyramides sont au-dessus de tout ce qu’on peut dire, et chacune en particulier peut entrer en parallèle avec plusieurs des plus grands édifices de la Grèce. Le labyrinthe l’emporte même sur les pyramides. Il est composé de 12 cours environnées de murs dont les portes sont opposées les unes aux autres, 6 au Nord et 6 au Sud, toutes contigües; une même enceinte les renferme. Les appartements sont doubles; il y en a 1500 sous terre, 1500 au-dessus, 3000 en tout. J’ai visité les appartements d’en haut; ainsi j’en parle avec certitude, et comme témoin oculaire. Quant aux chambres souterraines, je ne sais que ce qu’on m’en a dit, le gardien du palais n’ayant pas permis qu’on me les montrât, parce qu’elles servaient, me dit-on, de sépulture aux crocodiles sacrés et aux rois qui ont fait bâtir cet édifice. Je ne pourrais donc parler des chambres souterraines que sur des oui-dire; mais celles d’en haut, je les ai vues et je les regarde comme ce que les hommes ont jamais fait de plus grand. On ne peut, en effet, se lasser d’admirer la variété infinie des passages et des chambres, dont le toit est fait de pierre, ainsi que les murs, qui sont partout décorés de figures en bas-relief. Autour de chaque cour règne une colonnade de pierres blanches parfaitement jointes ensemble. A un des angles du palais s’élève une pyramide sur laquelle on a sculpté en grand des figures d’animaux. On s’y rend par un souterrain.

Quelque magnifique que soit ce labyrinthe, le lac Moeris, près duquel il est situé, est encore plus admirable. Il a 3600 stades de tour2, c’est-à-dire autant de circuit que la côte maritime d’Egypte a d’étendue. Ce lac a été creusé de main d’homme, car on voit presque au milieu deux pyramides qui ont chacune 50 orgyies3 de hauteur au-dessus de l’eau et autant en dessous. Sur l’une et sur l’autre est un colosse de pierre assis sur un trône. Les pyramides ont par conséquent chacune 100 orgyies ou 185 mètres.

Les eaux du lac Moeris ne viennent pas de source, car il occupe un terrain extrêmement sec et aride; il les tire donc du Nil par un canal de communication. Pendant six mois elles coulent du Nil dans le lac, et pendant les six autres mois, du lac dans le fleuve. Pendant les six mois que l’eau se retire, la pêche du lac rend au trésor royal un talent d’argent par jour, mais pendant les six autres mois que l’eau coule du Nil dans le lac, elle ne produit que 20 mines. »

Quant aux pyramides, dont les plus anciennes remontent à 4000 ans av. J. C. (IVe dynastie), ces montagnes de pierres n’étaient que de fastueux tombeaux. Lorsqu’on pénètre dans leur intérieur, on arrive à une chambre sépulcrale où se trouvaient le sarcophage et la momie du roi. Tant de travaux et de misères infligés à leur peuple n’avaient d’autre but que d’assurer à leur dépouille un asile inviolable et à leur nom une durée sans fin.

1. L’obélisque qui se trouve maintenant à Paris a été pris dans les ruines de Thèbes. C’est un seul morceau de granit rose, haut de 22m 83, large à sa base de 2m 44, pesant 220 628 kilogrammes. Les quatre faces de l’obélisque sont couvertes de caractères hiéroglyphiques au nombre de 1600, distribués sur chaque face en trois bandes longitudinales et parallèles, les caractères de la bande du milieu étant sculptés à 44 centimètres de profondeur, ceux des deux autres a une profondeur moitié moindre.

2. Ce lac existe encore dans le Fayoum, c’est le Birk-el-Kéronn, Hérodote se trompe en disant qu’il a été creusé de main d’homme. On ne voit nulle part la trace des onze cents milliards de mètres cubes qu’il aurait fallu enlever pour le creuser. Il y avait à des bas-fonds, un marais que Moeris a changé en un lac de 40 lieues de tour, en y amenant par un canal l’eau du Nil.

3. Une orgyie est une brasse, une unité de mesure byzantine. On trouve deux orgyies : l’orgyie courte, ou simple mesure 6 pieds ou 96 doigts soit 1,87 m et correspond à l’unité grecque antique homonyme (qui, elle, est égale à 1,776 m1). Une seconde orgyie, dite philétairique, mesure quant à elle 9 spithames (empans) impériaux ou encore 108 doigts soit 2,10 m : c’est celle employée par les arpenteurs. (source wikipédia).

Ecriture hiéroglyphique

Mentionnons encore un art célèbre entre ceux que l’Egypte vit naître, l’écriture hiéroglyphique ou écriture sacrée. Les caractères de cette écriture furent d’abord la représentation figurée soit des objets mêmes, soit des idées que ces objets suscitent. Ainsi le mot fleur était représenté par une fleur, le mot éternité par un cercle sans commencement ni fin. Plus tard il s’y mêla des caractères représentant des sons, et qui, par conséquent, étaient de véritables lettres.