Cimon (476-449 av. J.C.)

Son courage et sa libéralité (476-449 av. J.C.)

Cimon était fils de Miltiade. Dépourvu d’éloquence, il ne pouvait acquérir une grande influence dans les assemblées publiques; mais un bouillant courage et de grands talents militaires le rendaient cher aux soldats, tandis que sa libéralité le faisait aimer de la foule. Il avait ouvert au peuple ses jardins, et lui en abandonnait les fruits. Dans sa maison, des tables étaient toujours dressées pour que nul ne se présentât sans y recevoir l’hospitalité. Quand il sortait, il se faisait suivre d’un esclave qui distribuait aux pauvres de l’argent et des habits.

Lorsque Thémistocle, avant Salamine, poussait le peuple à quitter Athènes pour se retirer sur les vaisseaux, Cimon avait un des premiers appuyé cet avis. On l’avait vu suspendre dans le temple de Minerve un mors de cheval en signe qu’il fallait renoncer aux combats sur terre. Il s’était distingué dans les grandes batailles de l’indépendance, et il n’avait qu’une pensée : venger sur les Perses l’incendie d’Athènes. Sa vie politique s’étend de 476 à 449 av. J.C.

Il désarme les alliés d’Athènes (476-473 av. J.C.)

Athènes avait accepté hardiment le rôle d’adversaire du grand roi, mais ses alliés se fatiguèrent bien vite de combats continuels. Cimon transforma alors la confédération qu’Aristide avait fondée. Il conseilla aux alliés de donner, au lieu de soldats, plus d’argent et plus de vaisseaux. Ils acceptèrent, et Athènes continua seule la lutte pour son compte et pour sa fortune. Alors il arriva qu’ayant sans cesse les armes à la main, et s’en servant victorieusement, elle devint puissante et fière. Ses confédérés, au contraire, perdirent, avec l’habitude de s’exposer au péril, le courage de défendre leurs droits. Ils tombèrent du rang d’alliés à celui de tributaires. Cela n’était bon pour personne, car il s’amassa bientôt entre ceux qui s’étaient réduits à la condition de sujets et ceux qui s’étaient élevés à la condition de maîtres, une haine qui fit éclater la grande et funeste guerre du Péloponnèse.

Athènes veut affranchir les Grecs d’Asie (476 av. J.C.)

Au reste, Athènes usa noblement de son pouvoir. Elle entreprit d’enlever les derniers forts que les Perses conservaient en Thrace et de soustraire les Grecs (l’Asie à la domination du grand roi). Cimon la servit bien dans cette lutte.

Victoires de Cimon (477-466 av. J.C.)

Il débuta, en 476 av. J.C., par deux expéditions qui furent très populaires. Il enleva en Thrace Eion, dont le commandant, le Perse Bogès, plutôt que de se rendre, mit le feu à la ville et périt dans les flammes avec sa femme, ses enfants, ses esclaves et ses trésors. Par la conquête de Scyros, il purgea la mer des pirates qui avaient là leur repaire et qui désolaient le commerce athénien. Il prétendit avoir trouvé dans cette île les ossements de Thésée, et les rapporta en grande pompe à Athènes. Ils furent déposés dans un temple qui subsiste encore.

Dans une autre expédition, il chassa les Perses de la Carie et de la Lycie. Rencontrant leur flotte à l’embouchure de Ourymédon, il prend ou coule tous les vaisseaux. ll débarque ensuite sur le rivage voisin où campait une nombreuse armée, couvre quelques uns de ses soldats des vêtements de ses prisonniers, surprend l’ennemi par cette ruse, et le tue ou le disperse (466 av. J.C.).

L’exil de Cimon (461 av. J.C.)

Cimon était un grand admirateur des vertus guerrières et de la forte discipline des Spartiates. Il avait donné à un de ses enfants le nom de Lacédénionios, et ne craignait pas de mécontenter les Athéniens en faisant sans cesse l’éloge de leurs rivaux. Un tremblement de terre ayant renversé Lacédémone, les Messéniens s’étaient aussitôt soulevés (464 av. J.C.). Cimon fit décréter l’envoi d’un secours aux Spartiates; mais quand les Athéniens arrivèrent, les Ephores les renvoyèrent d’une manière blessante. Le peuple ressentit vivement l’injure, et sa colère se porta contre l’homme qui l’avait exposé à cet outrage. Cimon subit la peine qu’il avait contribué à faire infliger à Thémistocle : il fut banni par l’ostracisme pour dix années (461 av. J.C.).

Il n’alla pas du moins mendier un asile auprès de ceux qu’il avait vaincus; et un jour qu’une armée athénienne eut à combattre les Béotiens, il accourut et demanda à prendre place au premier rang. La loi ne le permettait pas : on refusa. En s’éloignant, il laissa son armure à ses amis; ils se réunirent autour de ce noble trophée, et s’y firent tuer jusqu’au dernier.

Le rappel de Cimon et sa mort (449 av. J.C.)

Ce dévouement fit revenir le peuple sur sa sentence. Deux ans avant l’expiration du terme de son exil, Cimon fut rappelé et remis à la tête des forces de la république. Il rétablit d’abord la paix entre Sparte et Athènes, et recommença aussitôt la guerre contre les Perses. Il voulait les chasser de l’île de Chypre, et aider les Egyptiens soulevés contre le grand roi à recouvrer leur indépendance. Mais il mourut avant d’avoir pu rien accomplir de ce grand dessein.

Fin des guerres médiques; traité honteux signé par la Perse (449 av. J.C.)

Ses compagnons lui firent les funérailles qu’il eût souhaitées. En rapportant ses restes à Athènes, ils tombèrent au milieu d’une grande flotte phénicienne et perse, qu’ils détruisirent en vue de Salamine en Chypre; ils débarquèrent le même jour, et dispersèrent une armée qui les avait attendus sur le rivage.

Cette double victoire fut le dernier acte des guerres médiques. Athènes les termina glorieusement par un traité où elle s’engageait à ne plus troubler le grand roi dans ses domaines et à ne donner aucun secours aux Egyptiens. Mais, de son côté, le roi laissait libres les Grecs asiatiques du littoral, et, reconnaissant la mer Egée pour une mer hellénique, s’était le droit d’envoyer un vaisseau de guerre au-delà des îles chélidoniennes, sur les côtes de Lycie, et au-delà des roches Cyanées à l’entrée du Bosphore de Thrace.

Hérodote et Eschyle

Hérodote (484-425 av. J.C.), né en 484 av. J.C. à Halicarnasse, dans le petit royaume d’Artémise, reine de Carie, a raconté la plus grande partie des guerres médiques. Les Grecs ont donné à ses neuf livres d’histoire les noms des Neuf Muses. Il n’y a pas, en effet, de plus intéressante lecture. Hérodote avait visité l’Egypte, la Libye, la Phénicie, la Babylonie et peut-être la Perse, en étudiant curieusement les moeurs et les coutumes de ces peuples, et en interrogeant tous ceux qui pouvaient l’éclairer sur la religion et l’histoire de ces pays.

L’Athénien Eschyle (525-456 av. J.C.) a aussi chanté la bataille de Salamine. Il y avait combattu et avait été blessé à Marathon. Sa tragédie des Perses fut représentée en 472 av. J.C., huit années seulement après la fuite de Xerxès. Il fut le premier en date et peut-être en mérite des trois grands tragiques de la Grèce. Les deux autres sont Sophocle et Euripide. Il avait écrit au moins soixante-dix pièces; on n’en a conservé que sept d’une lecture quelquefois difficile, mais où l’on sent toujours une grande âme, un coeur de poëte, d’homme et de citoyen. Son frère Cynégire se signala à Marathon : voulant arrêter un vaisseau perse qui fuyait, il se jeta à la mer, le saisit et le retint jusqu’à ce qu’un coup de hache fit tomber sa main.