Le retour des Héraclides

Fin des temps héroïques (1184 av. J.C.)

Avec la guerre de Troie se termine la période, dite des temps héroïques, que la poésie a remplie des tables que nous avons racontées. Mais l’histoire ne nous apporte pas encore ses récits certains, de sorte que nous avons à traverser plusieurs siècles, où l’on rencontre seulement de loin en loin un fait authentique. Ce n’est guère qu’à partir de l’an 600 avant notre ère, que les Grecs ont des annales suivies et certaines. Avant cette époque on ne peut affirmer qu’un petit nombre de faits importants, tels que la conquête du Péloponnèse par les Doriens, les émigrations en Asie Mineure, la législation de Lycurgue et les guerres de Messénie; celles-ci même étaient encore bien mêlées d’épisodes merveilleux.

Commotions en Grèce après la guerre de Troie (1184-1104 av. J.C.)

Dans les quatre-vingts années qui suivirent la guerre de Troie, il y eut de grandes commotions en Grèce. Plusieurs peuples y changèrent une dernière fois de demeure.

Conquête du Péloponnèse par les Doriens (vers 1200 av. J.C.)

Le plus célèbre de ces mouvements de peuple fut celui qui amena une tribu de montagnards cantonnée jusqu’alors en Doride, dans la grande presqu’île de la Grèce méridionale. Ces Doriens, dont les chefs se donnaient pour descendants d’Hercule, réclamaient une partie du Péloponnèse comme leur héritage. Ils franchirent le golfe de Corinthe, et, traversant l’Arcadie, à la suite d’un traité, firent la conquête de la Messénie, de la Laconie et de l’Argolide. C’est l’événement connu sous le nom de retour des Héraclides.

Codrus (1089-1068 av. J.C.)

Une partie de la population vaincue fut obligée de chercher ailleurs un asile. Beaucoup se retirèrent dans l’Attique. Les Doriens les y poursuivirent. Quand les deux armées se trouvèrent en présence, on apprit que l’oracle promettait la victoire à celui des deux peuples dont le roi périrait. Codrus (Codros), roi d’Athènes, prit un costume de laboureur avec une faux, et, entrant dans le camp dorien, frappa un soldat et se fit tuer. Les Doriens effrayés se retirèrent.

Colonies grecques (1044- VIIIième siècle av. J.C.)

Cependant l’Attique, région petite et stérile, ne pouvait nourrir tous ces fugitifs du Péloponnèse. Ils se décidèrent à aller chercher, au-delà de la mer Egée, une demeure plus fertile et plus vaste. Ils abordèrent à la côte d’Asie et y fondèrent plusieurs villes. Ce sont les colonies ioniennes (1044 av. J.C.). Des Eoliens les y avaient déjà précédés; des Doriens les y suivirent. Les premiers s’établirent au Nord, les seconds, au Sud des loniens. Plusieurs de ces colonies asiatiques prirent rang parmi les villes célèbres du monde: ainsi Ephèse, Smyrne, Phocée qui fonda Marseille en Gaule, Milet qui établit jusqu’à trois cents comptoirs sur les côtes du Pont-Euxin.

Le mouvement de colonisation, suspendu au XIème et au IXième siècle, reprit avec une grande énergie au VIIIième. Les colons grecs se portèrent alors au Nord le long des côtes de la Thrace et de la Macédoine, à l’Ouest dans la Sicile et l’ltalie méridionale, qui devinrent toutes grecques, jusqu’en Gaule (Marseille), jusqu’en Espagne (Sagonte) et en Afrique (Cyrène). Alors les rives de la Méditerranée, surtout dans l’Est, furent couvertes par une population active et intelligente qui porta très loin le travail de la civilisation. Les colonies rivalisèrent d’éclat et de puissance avec leurs métropoles, Milet avec Athènes, Syracuse avec Corinthe, Tarente avec Lacédémone. Le peuple grec fut alors le premier peuple du monde.