L’Empire Babylonien (747-538 av. J.C.)

La domination de l’Asie passe de Ninive à Babylone

Babylone hérita de Ninive; c’est à elle que passa la domination de l’Asie occidentale. La cité de Sémiramis, jusque-là vassale, redevint capitale souveraine, et ses princes y formèrent une dynastie de rois héréditaires, aussi célèbres par leurs conquêtes que par les magnificences de toutes sortes dont ils entourèrent leur trône.

Retour sur l’histoire de Babylone, de 747 à 606 av. J.C.; l’ère de Nabonassar (747 av. J.C.) (747-606 av. J.C.)

Babylone avait conquis son indépendance en 759 av. J.C., quand Bélésis avait aidé Arbacès à briser le premier empire assyrien. Un prince, Nabonassar (règne : 747-734 av. J.C.), qui fut sans doute le successeur de Bélésis, s’efforça de détruire le souvenir des rois assyriens qui avaient dominé à Babylone. Pour effacer le passé, en datant tout de son règne, il institua l’ère célèbre qui porte son nom. Elle commence le 26 février 747 av. J.C., et servit aux prêtres chaldéens pour leurs observations astronomiques.

On a vu que les successeurs de Nabonassar ne furent ni assez habiles, ni assez forts pour résister aux maîtres du second empire assyrien. Un d’eux fut emmené captif par Sennachérib, et un vice-roi assyrien gouvernant Babylone.

Nabopolassar (625-605 av. J.C.)

Un peuple nomade et brave, les Chaldéens, descendu peut-être des régions montagneuses qui bornent la Mésopotamie par le Nord, semble s’être emparé de Babylone vers l’année 630 av. J.C., et lui avoir donné une vigueur nouvelle. Nabopolassar était sans doute son chef. Il s’unit, vers 625 av. J.C., avec le roi des Mèdes, Cyaxares, et l’aida, après le départ des Scythes, à renverser Ninive (606 av. J.C.).

Nabuchodonosor (605 av. J.C.)

Nabopolassar était déjà, au moment de ce grand triomphe, brisé par l’âge, il laissa son fils Nabuchodonosor commander à sa place les armées de Babylone. Un nouvel ennemi se présentait; le pharaon d’Egypte Néchao avait voulu profiter de l’abaissement des Assyriens pour conquérir la Palestine et la Syrie. En 609 av. J.C., il avait vaincu et tué à Mageddo, le roi de Juda, Josias, et soumit Joachim son successeur au tribut.

La captivité des Juifs (606 av. J.C.)

Nabuchodonosor s’indigna de cette entreprise sur des pays qu’il regardait comme faisant partie de l’héritage de Ninive. L’année même où cette grande ville tomba, il marcha contre Jérusalem, que le roi d’Egypte laissa sans défense, la prit, emporta les vases sacrés du temple et emmena Joachim captif à Babylone avec les principaux des Juifs (606 av. J. G.). C’est à cette année qu’on place le commencement des 70 ans de la captivité des Juifs; elle dura jusqu’au règne de Cyrus, qui, en 536 av. J.C., leur permit, par un édit célèbre, de retourner dans leur patrie et de rebâtir le temple.

Défaite des Egyptiens à Carchémis (605 av. J.C.)

Cependant Joachim recouvra la liberté et retourna à Jérusalem, à condition de payer un tribut au roi des Babyloniens. Mais pour échapper au joug, il renouvela son alliance avec Néchao et se révolta. Son protecteur vint le secourir avec une puissante armée qui s’avança jusqu’à l’Euphrate, pour renouveler au-delà de ce fleuve les conquêtes des anciens pharaons. La défaite des Egyptiens à Carchémis laissa les Juifs exposés sans défense à toute la colère de Nabuchodonosor.

Destruction de Jérusalem par Nabuchodonosor (587 av. J.C.)

Pendant quatre ans, les généraux du monarque assyrien dévastèrent impitoyablement la Judée. Vainqueur lui-même des Egyptiens dans une seconde bataille, il entra dans Jérusalem et mit à mort Joachim. Ce ne fut toutefois qu’en 587 av. J.C. qu’il renversa la ville sainte. Le temple et le palais du roi furent incendiés, les murailles détruites, les ornements d’airain qui décoraient le sanctuaire brisés ou transportés à Babylone. On égorgea le grand prêtre et 60 des principaux habitants, et on emmena en captivité la plus grande partie du peuple. Quelques Juifs furent laissés pour la culture des campagnes.

Cependant Nabuchodonosor traita les captifs avec moins de dureté qu’ils ne l’attendaient. Il leur permit d’acquérir des terres, de contracter des mariages et d’avoir des juges pour terminer leurs différends d’après leurs propres lois. Plusieurs même, comme Daniel, s’élevèrent à de hautes dignités dans son palais.

Prise de Tyr (585-572 av. J.C.)

La Judée conquise, Nabuchodonosor attaqua la Phénicie qui y touche. Il dompta les Sidoniens et prit Tyr après un siège de 13 ans. Il parcourut même l’Egypte en conquérant, mais ne put la garder.

Travaux de Nabuchodonosor à Babylone

De retour dans ses Etats, il occupa les bras de ses captifs à embellir et à accroître Babylone1; à décorer les temples, surtout celui de Bel, et à construire un magnifique palais qui fut célèbre par ses jardins suspendus. C’est encore l’habitude en Orient de terminer toutes les maisons par une terrasse où l’on puisse, le soir, trouver un peu de fraîcheur. Nabuchodonosor voulut y trouver de plus, de l’ombrage, de la verdure et des fleurs. Il fit porter de la terre sur le toit de son palais et y planta des arbres. Plusieurs canaux furent dérivés de l’Euphrate pour servir à l’arrosement de la plaine, et la ville de Térédon fut fondée pour le commerce du golfe Persique. Une des femmes de Nabuchodonosor, la reine Nitocris, continua ces travaux pendant les sept années que dura une démence du roi, dont parle le livre de Daniel.

1. Il est fort difficile de distinguer les travaux accomplis à Babylone par Sémiramis, Nabuchodonosor on Nitocris.

Prompte décadence de l’empire babylonien (561-538 av. J.C.)

Nabuchodonosor mourut après un règne de 43 ans, et n’eut vraiment pas de successeur (561 av. J.C.). Son fils Evilmérodach, prince vicieux et cruel, fut tué par Nériglissor, son beau-frère. Nériglissor lui-même ne régna que 4 ans, et périt dans une grande bataille qu’il livra aux Médo-Perses, commandés par Cyrus. Son successeur, Laborosoarchod, ne fit que passer sur le trône d’où le précipitèrent les grands, révoltés des instincts cruels qu’il montrait, malgré son extrême jeunesse.

Balthazar et Daniel (538 av. J.C.)

Labynit ou Balthazar, comme l’appelle l’Ecriture, ne régna pas moins honteusement. Il vit Cyrus, roi des Perses, assiéger Babylone et tourner contre cette ville un des moyens de salut qu’avait voulu lui donner Nitocris. Les Perses dérivèrent l’Euphrate dans le réservoir creusé par cette reine, et pénétrèrent dans la ville par le lit du fleuve mis à sec. L’Ecriture sainte raconte la dernière orgie royale, l’effrayante vision qui épouvanta les convives et l’explication que Daniel seul put en donner. Balthazar fut tué, une partie des habitants égorgés et Babylone devint une des capitales du nouvel empire.

Ruines de Babylone

La cité de Nabuchodonosor ne disparut donc pas comme celle de Sardanaple. Les rois de Perse y régnèrent, Alexandre y mourut. Mais elle vit ses honneurs passer à des cités nouvelles : à Séleucie, sous les rois grecs; à Ctésiphon, sous les rois parthes; à Bagdad, sous les califes arabes. Aujourd’hui l’ancienne reine de l’Orient, qui sentait s’agiter dans son sein un peuple immense, n’a plus qu’une petite cité en un coin de son enceinte. Le reste, triste et silencieux, est devenu le repaire des bêtes du désert. L’Arabe vient rarement planter sa tente sur ces ruines qui s’étendent au loin dans la plaine, épais amas de briques qui dessinent encore le soubassement de la grande tour du dieu Bel et l’enceinte du palais des rois.

Inscriptions cunéiformes – Ces briques portent des inscriptions en caractères cunéiformes ou ressemblant à des clous que l’érudition moderne commence à déchiffrer.