Les Féries romaines

Nous allons indiquer, mois par mois, et jour par jour, les féries romaines. On verra la large part que ce peuple avait faite à la religion dans ses institutions.

Martius (mars)

Ce mois était consacré à Minerve.

Le jour des calendes, premier jour de l’année (nouvel an romain), on allumait le feu nouveau sur l’autel de Vesta; on renouvelait les branches de laurier des faisceaux, on célébrait les ancilies, (sacrifices) fêtes de Mars (Feriae Marti). On faisait également des offrandes à Junon Lucine (protectrice des matrones; Fête de Maronalia, ou fête des mères).

Ce jour là aussi les maris faisaient des présents à leurs femmes.

Le 14 (Pridié Idus Martias) : Mamuralia : fête des forgerons.

Le 15 (Idibus Martiis) : Equiria : fête de la purification des chevaux en l’honneur du dieu de la guerre.

Aux ides, on célébrait la fête d’Anna Perenna, qui porta des aliments au peuple, pendant sa retraite sur le mont Sacré; on allait danser au bord du Tibre.

Le 17 (XVI calendas Apriles) (cf. Calendrier romain), venaient les liberales (Liberalia), fêtes de Bacchus. Les femmes, couronnées de lierre, se tenaient à la porte des temples, et offraient du vin aux passants. C’est au cours de ces fêtes qu’a lieu la prise de la toge virile par laquelle, vers l’âge de 17 ans, le jeune garçon devient adolescent.

Le 19 (XIV calendas Apriles), commençait les quinquatries (Quinquatrus), fêtes de Minerve, qui duraient cinq jours. Purification de l’armée au Champ de Mars; sacrifice d’un taureau. On donnait au peuple des jeux dans le grand cirque, et des combats de gladiateurs.

Le 25 (VII calendas Apriles), c’étaient les hilaries (Hilaria), en l’honneur de Cybèle. Ses prêtres (galli) promenaient sa statue. Cette fête ressemblait à un carnaval; on pouvait y prendre les insignes de toutes les dignités, figurer même des vestales.

Aprilis (avril)

Ce mois était consacré à Vénus.

Aux nones (4 au 10), on célébrait les jeux (courses de chars, théâtre) mégalésiens, organisés par les édiles curules, en l’honneur des grands dieux, surtout de Cybèle. Les dames allaient danser autour de son autel. On se donnait des repas mutuels.

Le 10 (IV idus Apriles), les céréales, (jeux de Cérès) qui duraient huit jours. Organisés par les édiles de la Plèbe; ces jeux comprennent une grande procession et des jeux du cirque (à l’occasion de ces jeux, tous les participants s’habillent en blanc). On ne mangeait qu’après le soleil couché; et la nuit, on parcourait les rues avec des flambeaux.

Aux ides, on célébrait la fête Fordicidia : chacune des trente curies immole, sur le mont Capitole, une génisse pleine.

21 avril (XI calendas Maïs): Parilia : fête en honneur de la déesse Palès, commémorant la fondation de Rome. Au cours de cette fête, les bergers allument de grands feux de paille et de broussaille, à travers lesquels ils sautent, répétant le rite de purification du peuple effectué par Romulus.

Le 25 (VII calendas Maïas), on sacrifiait au dieu Robigus (Robigalia : fête en l’honneur du soleil) pour préserver les blés de la nielle. Sacrifice d’un chien au roux pelage, symbole de l’éclat du soleil.

Le 28 (IV calendas Maïas), commençaient les fêtes de Flore, Florales ou Floralies. Elles étaient fort licencieuses, et duraient jusqu’à la fin du mois. C’est une fête de débauches à laquelle participent les courtisanes.

Maius (mai)

Ce mois était consacré à Apollon. Pendant toute sa durée on ne se mariait pas, par crainte des lemures qui paraissaient affectionner beaucoup cette époque pour leurs maléfices.

Aux calendes, les dames, ayant les vestales en tête, allaient sacrifier à Cybèle chez le grand pontife. Les hommes n’étaient pas admis.

Le 2 (VI nonas Maïas), on sacrifiait aux lares : cette fête s’appelait compitales; on ornait de fleurs les statues de ces petits dieux sur les carrefours.

Le 9 (VII idus Maïas) on se voilait la tête, et l’on faisait des sacrifices lugubres aux lemures (Lemuria).

Aux ides, les vestales, suivies des pontifes, se rendaient sur le pont Sublicius, et de là jetaient dans le Tibre trente mannequins, qu’on appelait les Argiens. C’était un souvenir des sacrifices humains. Le même jour, les marchands sacrifiaient à Mercure, leur patron.

Junius (juin)

Ce mois était consacré à Mercure.

Aux calendes, il y avait quatre fêtes à la fois :

1° celle de Junon Moneta;
2° celle de la tempête;
3° celle de Mars;
4° celle de la déesse Carna1, à qui l’on offrait du lard et de la bouillie faite avec de la farine de fèves.

Le 7 (VII idus Junias), venait la fête du dieu Bon-Sens (mens) dont le petit temple, situé au penchant du Capitole, avait été élevé, après la bataille de Trasimène, sans doute pour inspirer aux généraux à venir ce qui avait manqué à Flaminius.

Le même jour, il y avait sur le Tibre des jeux qu’on appelait piscatoriens: c’était la fête des pêcheurs (piscatores).

Le 9 (V idus Junias), était celle des boulangers; on célébrait aussi les vestalies (Vestalia); les dames portaient des offrandes au temple de Vesta.

Le 11 (III idus Junias), on sacrifiait à la Concorde; c’était aussi la fête des mères, matrales.

Le 15 (XVII calendas Julias), on nettoyait le temple de Vesta, et on portait en procession les ordures dans le Tibre.

Juin – juillet (tous les 4 ans) : Agon Capitolinus : jeux institués en 86 par l’empereur Domitien et consacrés aux concours littéraires et musicaux.

1. Déesse de l’embonpoint.

Quintilis ou Julius (juillet)

Ce mois était consacré à Jupiter.

Juin – juillet (tous les 4 ans) : Agon Capitolinus : jeux institués en 86 par l’empereur Domitien et consacrés aux concours littéraires et musicaux.

Aux calendes, finissaient tous les baux.

Le 4 (IV nonas Julias), on sacrifiait à la fortune féminine, en l’honneur de la mère et de la femme de Coriolan.

Le 5 (VI nonas Julias), commençaient les jeux apollinaires (du 5 au 13 juillet). Jeux en honneur d’Apollon : institués au cours de la deuxième guerre punique. Combats d’animaux sauvages, courses, jeux de cirque (organisés par le préteur urbain).

Aux ides, fête de Castor et Pollux.

Le 19 (XIV calendas Sextilis), était un jour de deuil, anniversaire de la bataille d’Allia.

Le 21 (XII calendas Sextilis), Lucaria: conjuration des démons des arbres (fête religieuse concernant les bûcherons).

Le 27 (VI. calendas Sextilis), on célébrait les neptunales (Neptunalia); fête en l’honneur de Neptune, au cours de laquelle on construit des huttes fraîches. On faisait des berceaux au bord du Tibre, et on allait y passer la journée.

Sextilis ou Augustus (août)

Ce mois était consacré à Cérès.

Le 10 (IV idus Sextiles), les femmes enceintes sacrifiaient à Opigène2.

Le 13 (Idibus Sextilibus), Diane Aventine: fête de Diane sur la colline de l’Aventin.

Le 17 (XVI calendas Septembres), venaient les portumnales, fête des mariniers.

Le 18 (XV calendas Septembres), les consuales, fêtes du dieu Consus. Jeux organisés par les édiles curules en l’honneur du dieu agraire Consus. Commémoration de l’enlèvement des Sabines. Ce jour-là, les chevaux et les mulets se reposaient, et on les couronnait de fleurs.

Le 19 (XIV calendas Septembres) était la fête des vinalies rustiques. On faisait à Jupiter des libations de vin nouveau.

Le 23 (X calendas Septembres), on célébrait les vulcanales (Volcania ou Volcanalia, fête de Vulcain), et on faisait des holocaustes à Vulcain. C’est la fête de la moisson, conjuration des incendies.

2. Déesse du secours.

September (septembre)

Ce mois était consacré à Vulcain.

Le 3 (III nonas Septembres), on faisait les dionisiaques, ou les vendanges.

Le 4 (Pridiè nonas Septembres), commençaient les grands jeux du cirque, consistant en courses de chars, courses à pied, luttes, combats de gladiateurs, naumachies, etc. Jeux institués par Tarquin l’Ancien en l’honneur de Jupiter.

Le 20 (XII calendas Octobres), on célébrait la naissance de Romulus.

Le 30 (Pridiè calendas Octobres), les méditrinales, on buvait du vin doux.

October (octobre)

Ce mois était consacré à Mars.

Le 5 (III nonas Octobres), Augustalia : fête en l’honneur d’Auguste.

Le 6 (Pridiè nonas Octobres), on immolait aux dieux mânes.

Le 8 (VIII idus Octobres), à Apollon.

Le 11 (V idus Octobres), Meditrinalia : fête des vendanges.

Le 13 (III idus Octobres), : Fontanalia : fête en l’honneur de Fontus, dieu des sources et des eaux courantes.

Le 15 (Idibus Octobribus) était la fête des marchands.

Le 16 (XVII calendas Novembres), jeux plébéiens: on immolait un cheval à Mars.

Le 28 (V calendas Novembres), on célébrait les petits mystères.

Le 30 (III calendas Novembres), les féries de Vertumne.

November (novembre)

Ce mois était consacré à Diane.

Aux calendes, jeux au cirque, banquet de Jupiter.

Le 9 (V idus Novembres), on sacrifiait à Bacchus.

Aux ides avait lieu le grand festin du Capitole, dont nous avons parlé. Les épulons y présidaient.

Le 15 (XVII calendas Decembres), les édiles donnaient au peuple des jeux dans le Cirque, en mémoire de la réconciliation des deux ordres. On appelait ces jeux plébéiens.

Le 24 (VIII calendas Decembres), on célébrait les brumales (Brumalia) en l’honneur de Bacchus et instituées par Romulus. Prophéties sur l’hiver.

December (décembre)

Ce mois était consacré aux plaisirs, et sous la protection de Vesta.

Le 17 (XVI calendas Januarias), commençaient les saturnales. La veille, les enfants parcouraient les rues en criant : io saturnalia! On faisait, pendant ces jours, des sacrifices à Saturne. Les esclaves, libres alors pour un moment, mangeaient avec leurs maîtres et avaient la faculté de tout dire et tout faire, en mémoire de l’ancienne égalité de l’âge d’or, règne de Saturne. Comme ces fêtes avaient un lendemain, il est probable que les esclaves n’en abusaient pas.

Le 21 (XII calendas Januarias), était la fête d’Angerona, déesse du silence. Il y avait dans ce nom quelque antique tradition antérieure à Romulus. On célébrait aussi les tarentules, en l’honneur de Larenlia, nourrice de ce prince, selon les vieux contes populaires.

Le 24 (IX calendas Januarias), commençaient des jeux qui duraient jusqu’aux calendes de janvier.

Januarius (janvier)

Ce mois était consacré à Janus.

Aux calendes, on célébrait la fête du dieu, et on se donnait des étrennes (strenae).

Le 9 (V idus Januarias), on faisait des jeux et des combats en l’honneur du même dieu. Cette fête s’appelait Agonales.

Le 11 (III idus Januarias), les carmentales, fête de Carmenta, mère d’Evandre. Une des portes de Rome portait son nom, et elle avait un temple.

Les ides étaient consacrées à Jupiter: des joueurs de flûte, habillés en femme, parcouraient la ville.

Le 24 (IX calendas Februarias), on célébrait les sementines, pour les semences.

Le 27 (VI calendas Februarias) était consacré à Castor et Pollux.

Le 31 (Pridiè calendas Februarias) était la fête des pénates, chacun la célébrait chez soi.

Februarius (février)

Ce mois était consacré à Neptune, et, pendant toute sa durée, on faisait des sacrifices expiatoires pour les fautes commises pendant l’année.

Aux ides, on célébrait les fêtes de Faune, dans l’île sacrée du Tibre, ou dans les bois: c’était aussi l’anniversaire de la défaite des Fabius.

Le 15 (XV calendas Martias), venaient les lupercales, fêtes de Pan.

Le 17 (XIII calendas Martias), les quirinales, fête de Quirinus, et les férales, fête des mânes.

Le 24 (VI calendas Martias) était l’anniversaire de l’expulsion des rois. On marquait ce jour par de grandes réjouissances.

Les 27 et 28 (III calendas et pridiè calendas Martias), on faisait des courses de chevaux, au Champs-de-Mars, en l’honneur de Mars gradivus. Cette fête terminait l’année.

Indépendamment de ces fêtes périodiques et des grands jeux séculaires qui se célébrèrent tous les cent ans, ou à peu près, le sénat, quand de grandes calamités ou de grands motifs de réjouissances survenaient, ordonnait des cérémonies religieuses, sous le nom d’actions de grâces, de supplications, de lectisternes (lectisternium). Cette dernière consistait, comme son nom l’indique, dans des festins auxquels on invitait les Dieux. Le plus brillant de tous avait lieu au Capitole, sous la direction des épulons; les autres étaient confiés à la piété des citoyens. Ordinairement, dans les jours de leclisterne, le peuple dressait des tables dans les rues, et une sorte d’hospitalité banale s’exerçait de maison à maison, d’individu à individu.

Une des plus brillantes solennités du culte, c’étaient les féries latines. Elles duraient quatre jours et se célébraient sur le mont Albain, à trois milles de Rome, en l’honneur de Jupiter Latialis. Toute la confédération des Latins, composée de quarante-sept petits peuples, y assistait par députations nombreuses. Tous les magistrats de Rome s’y rendaient avec le sénat entier et une grande partie du peuple. C’était le seul cas où il fût permis aux tribuns de sortir de Rome pour plus d’un jour. L’administration et la police de la ville étaient confiées à un jeune patricien qu’on appelait, pendant ce temps, praefectus urbis.

L’époque des féries latines était variable : le sénat la fixait, et c’était la première question que les consuls, entrant en charge, mettaient à l’ordre du jour. On n’aurait pas entrepris une campagne que les féries latines ne fussent célébrées.

Le principal objet de ces fêtes était un sacrifice à Jupiter, protecteur du Latium. Mais ce qui les caractérisait surtout, c’étaient les festins splendides où se réunissaient les magistrats de Rome et des cités alliées. Chaque ville contribuait à la dépense. En cas de guerre entre les peuples qui devaient y concourir, les hostilités étaient suspendues. On voit que les Romains subordonnaient toujours la politique à la religion.

Quant aux jeux séculaires, ils furent institués l’an de Rome 353 (401 av. J.C.). Depuis cette époque, on les célébra tous les cent dix ans, jusqu’à Auguste, qui avança leur période, et en fit la célébration l’an de Rome 737 (17 av. J.C.), tandis que, selon l’ancienne règle, ils devaient n’arriver qu’en 793 de Rome (40). Claude ensuite, datant de la fondation de Rome, les célébra l’an 800 (47), et l’on suivit cet usage jusqu’à l’an 1000 de Rome (247), époque après laquelle il n’en est plus question.