Les Préteurs

Dans l’origine, le nom de préteur (proetor, de proeire) était commun à toutes les grandes magistratures; on appelait le dictateur proetor supremus.

Ce fut en 387 de Rome (366 av. J.C.), lors de l’admission des plébéiens au consulat, que l’on fit une dignité de la préture.

Jusqu’alors, les consuls avaient joint au pouvoir exécutif le pouvoir judiciaire. Pour rendre la justice, ils s’associaient des sénateurs, et improvisaient des tribunaux.

Le sénat ne voulut pas conférer au peuple cette partie du pouvoir : sous prétexte donc que la multitude des affaires judiciaires d’une part, et des affaires de l’Etat de l’autre, ne permettait plus aux consuls de rendre la justice, on créa un préteur à qui ce droit fut conféré.

Cette précaution était en pure perte, car cette magistrature fut un peu plus tard (417 de Rome; 336 av. J.C.) accessible aux plébéiens comme les autres.

Ainsi le préteur était une espèce de grand juge, chargé de l’organisation et de la surveillance des tribunaux. Cette fonction avait donc une extrême importance.

Mais son action ne se bornait pas là: lorsque les besoins de la guerre appelaient au dehors les deux consuls, le préteur leur était substitué dans toutes leurs fonctions.

D’après le même principe, il était appelé, le cas échéant, au commandement des armées.

Le préteur était nommé dans les comices par centuries. Les insignes de son pouvoir consistaient dans la prétexte, la chaise curule, six licteurs autour de Rome, deux seulement en ville, et une pique (hasta) qu’on plantait devant son tribunal quand il rendait la justice.

C’était chez lui que les dames romaines se réunissaient pour célébrer les mystères de la bonne déesse, auxquels nul homme n’était admis.

Le préteur devait fournir à la dépense des jeux apollinaires et de ceux du grand cirque.

En entrant en charge, il fallait qu’il publiât un édit pour déclarer la marche qu’il suivrait dans l’administration de la justice; les principes sur lesquels il s’appuierait, les formules qui seraient la base de ses arrêts, etc. Ces édits des préteurs ont depuis fait partie du droit romain, sous le nom de Jus honorarium.

Jusqu’en 508 (245 av. J.C.), il n’y eut qu’un préteur. A cette époque, on en créa un second, pour juger les étrangers, dont le nombre allait sans cesse croissant; on l’appela proetor peregrinus (préteur pérégrin). Son collègue, le préteur de la ville (proetor urbanus) eut toujours le pas sur lui, et possédait un bien plus grand pouvoir. Toutefois, quand le peuple avait élu les deux préteurs, le sort désignait celui des deux qui serait le peregrinus.

En 526 (227 av. J.C.), on en nomma deux autres, pour administrer la Sicile et la Sardaigne.

En 556 (197 av. J.C.), deux encore pour l’Espagne Citérieure et l’Espagne Ultérieure. Ce nombre fut le même jusqu’à Sylla, qui en fit créer deux nouveaux.

Vers l’an 609 (144 av. J.C.), il fut décidé que chacun de ces préteurs, avant d’aller prendre possession, exercerait pendant un an à Rome, sous le préteur de la ville, qui resta toujours supérieur à tous.