Notions géographiques et premiers habitants de la Grèce (2200-1300 av. J.C.)

Aspect général (2200-1300 av. J.C.)

L’ancienne Grèce était un des plus beaux pays du monde : ciel pur, doux climat, sol varié. lci, de vertes campagnes; là, des forêts sombres; plus haut, les montagnes cachant dans la nue leurs cimes fièrement découpées et souvent frappées de la foudre.

Pour peu qu’on gravisse les collines et les monts, on ne manque guère de découvrir bientôt à l’horizon la mer qui miroite et brille entre des îles nombreuses. Ou, si l’on arrive du large, on la voit s’enfoncer capricieusement dans les terres et creuser une foule de ports et de golfes le long de ces rivages charmants dont chaque promontoire portait un temple. Beautés de l’art qui ravissaient les yeux, quand on les découvrait au milieu de ces tranquilles et majestueuses beautés de la nature1.

1. Montagnes, golfes et îles. La Grèce est une des trois péninsules qui terminent l’Europe au sud. Du côté du nord , elle tient aux Alpes orientales par la grande chaîne du Pinde, dont les ramifications couvrent presque toute sa surface (monts Cambuniens, Olympe, 0ssa, Oeta, Parnasse, Hymette, Taygète, etc.). Au sud, elle plonge dans la Méditerranée par trois pointes qui forment entre elles les golfes de Messénie et de Laconie, en face des îles de Cythère et de Crète. La mer Ionienne à l’ouest y creuse les golfes d’Ambracie et de Corinthe, et baigne les îles de Corcyre (Corfou), d’Ithaque, de Céphalénie et de Zacynthes (Zante). L’archipel ou mer Egée, à l’Est, découpe profondément ses rivages (golfes d’Argos, d’Egine, Maliaque, Thermaïque, etc.), et est semée d’îles innombrables, les Cyclades, où se trouve Délos; les Sporades, Salamine, Eubée ou Négrepont, etc.

Cours d’eau. – La mer se trouvant partout à une faible distance des montagnes, la Grèce n’a que des cours d’eau peu étendus; les plus considérables sont le Pénée et l’Acheloüs: (130 et 475 kil. de longueur). Plusieurs, l’Eurotas, l’Alphée, le Styx, et le Stymphale ont sous terre une partie de leur cours.

Divisions géographiques. – Les montagnes dont la Grèce est couverte l’ont partagée en une foule de vallées qui sont tout naturellement devenues le domaine d’une peuplade, le territoire d’un petit Etat. Au nord se trouvent la Thessalie, et deux Etats dont la population n’était qu’à moitié grecque, l’Epire et la Macédoine.

Dans la Grèce centrale : les trois Locrides; la Béotie, autour du lac Copaïs avec Thèbes pour principale ville; la Phocide qui renfermait Delphes, le sanctuaire de la Grèce; la Doride, haute et froide vallée d’où les Spartiates sont originaires; l’Etolie, pays sauvage comme ses habitants; l’Arcanie, et, à l’autre extrémité, l’Attique, où la civilisation a brillé de son plus vif éclat, la Mégaride, qui gardait l’entrée de l’isthme de Corinthe.

La Grèce méridionale forme la presqu’île du Péloponnèse (Morée) dont la partie centrale ou Arcadie est entourée de l’Achaie, de l’Elide, de la Messénie, de la Laconie, de l’Argolide, de la Corinthie et de la Sicyonie.

Ancien nom de la Grèce

Par une singularité étrange, les Grecs ne se servaient pas de ce nom que les Romains leur donnèrent. Ils s’appelaient les Hellènes, et nommaient leur pays la Hellade. Ainsi, nous désignons encore les habitants de l’ancienne Germanie par un nom qu’ils ne connaissent pas, les Allemands.

Faible étendue de la Grèce

Si l’on mesurait l’étendue de la Grèce au bruit qu’elle a fait dans le monde, elle serait une immense région; en réalité, elle est l’un des plus petit pays de l’Europe. Sa surface, les îles comprises (57511 kilomètres carrés), est loin d’égaler celle du Portugal, et l’Attique tout entière (1858 kilomètres carrés) équivaut à peine aux deux tiers du moindre de nos départements. C’est que ce petit peuple, à qui l’espace manquait, a étendu, par les travaux de ses grands hommes, son nom et son influence bien au-delà des limites de son territoire et des siècles où il a vécu. La Grèce est encore aujourd’hui pour les arts et pour les lettres, l’école du monde.

Pélasges (2200-1600 av. J.C.)

Les premiers habitants de la Grèce semblent avoir été les Pélasges, peuple aujourd’hui disparue, mais qui couvrait l’Asie Mineure, la Grèce et l’Italie, et à laquelle on rapporte des monuments d’une construction particulière que les générations postérieures attribuèrent à une lignée de géants, les Cyclopes. Ce sont d’énormes quartiers de roc, souvent bruts, quelquefois taillés, mais toujours placés les uns sur les autres sans ciment. Tels sont les murs de Tirynthe bâtis de pierres dont deux chevaux attelés ne pourraient ébranler la plus petite. Les Pélasges paraissent avoir fondé les plus anciennes cités de la Grèce, Mycènes, Tirynthe, Argos, Sicyone, Orchomène, et commencèrent à défricher le sol.

Colons orientaux (1600-1300 av. J.C.)

Suivants d’anciens récits, des étrangers partis des bords du Nil et de la Phénicie, auraient apporté en Grèce la connaissance des arts utiles : Cécrops dans l’Attique, Cadmus à Thèbes, Danaüs à Argos.

On a très légitimement révoqué en doute l’origine orientale de ces personnages. Mais on ne peut nier que les nations plus civilisées de l’Egypte et de l’Asie occidentale n’aient contribué pour beaucoup au développement de la société en Grèce. Ainsi on a constaté que la forme des plus anciennes lettres grecques reproduit celle des caractères phéniciens, et que le système métrique des Grecs était presque le même que celui des Phéniciens et des Babyloniens.

Hellènes (1400-1300 av. J.C.)

Les Hellènes, peuplade guerrière établie dans la Thessalie et probablement proche parente des Pélasges, se répandirent, à partir du XVIième siècle avant notre ère, dans les autres parties de la Grèce. Ils étaient divisés en quatre tribus.

Les Achéens, qui eurent d’abord la plus brillante fortune et dominèrent dans le Péloponnèse : Agamemmnon et Ménélas furent leurs principaux chefs;

Les Eoliens, qui peuplèrent le Centre et l’Ouest de la Grèce : Achille, Podalire, Machaon, Philoctète, Ulysse, Nestor et Ajax, fils d’Oïlée, étaient de leur lignée.

Les Ioniens et les Doriens, d’abord plus obscures, mais qui se firent un nom immortel quand ils s’appelèrent les Athéniens et les Spartiates.