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Commode (18 mars 180-31 décembre 192)

S’il est un fait qui compromette singulièrement la valeur politique de l’empire romain, c’est la brusque interruption du siècle heureux et grand des Antonins, par un règne où le honteux le dispute à l’effroyable. Après cent années de bonheur et de paix, on quitte une série de princes dont trois sont admirables, pour tomber sans transition, et comme sans cause, dans un prince pour lequel les épithètes d’ignoble et d’atroce ne sont pas trop fortes. A quoi attribuer cette étonnante chute ? Un changement de souverain ne suffit pas pour en rendre compte. Le défaut d’institutions monarchiques régulières, l’absence de (suite…)
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Marc-Aurèle (8 mars 161-17 mars 180)

« Au siècle des Antonins », dit Montesquieu, « la philosophie stoïcienne s’étendait et s’accréditait dans l’empire. Il semblait que la nature humaine eût fait un effort pour produire d’elle-même cette philosophie admirable qui était comme ces plantes que la terre fait naître dans des lieux que le ciel n’a jamais vus ».« Les Romains lui durent leurs meilleurs empereurs. Rien n’est capable de faire oublier le premier Antonin que Marc-Aurèle qu’il adopta. On sent en soi-même un plaisir secret quand on parle de cet empereur; on ne peut lire sa vie sans une espèce d’attendrissement : tel est l’effet qu’elle produit, qu’on a meilleure (suite…)
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Hadrien (Adrien) (10 août 117-10 juillet 138) et Antonin (11 juillet 138-7 mars 161)

Antonin Parmi les traités de morale que les besoins et le spectacle du temps ont inspirés à Plutarque, il en est deux qu’on n’a pas assez remarqués : l’un conseille à la philosophie, qui comprenait alors la science et la sagesse, de hanter les palais des princes, si elle veut remplir tout son office; l’autre conseille aux princes de devenir savants et sages s’ils veulent bien gouverner. « La philosophie ne se propose point en effet pour but », dit-il, « comme la sculpture, de faire des statues immobiles et muettes, mais des créatures vivantes et agissantes; et quand elle pénètre l’esprit, ou (suite…)
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Trajan (28 janvier 98-8/9 août 117)

Trajan «Enfin nous respirons, à l’aurore d’un siècle qui promet l’association si difficile du pouvoir et de la liberté. Nos pères avaient vu les excès de la licence; nous avons vu les excès de la tyrannie, qui n’a été égalée que par notre patience. Après quinze années d’un règne qui a vu périr les plus grands et les plus courageux de nos concitoyens, nous survivons pour ainsi dire à nous mêmes; car, il faut retrancher de notre vie le temps où, dans le silence du tombeau, jeunes nous sommes arrivés à l’âge mûr, mûrs à la vieillesse.» Telles sont les (suite…)
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Titus (24 juin 79-13 septembre 81) et Domitien (14 septembre 81-18 septembre 96)

Titus S’il est une preuve frappante de cette vérité que, dans les affaires humaines et dans les conditions de bonheur des peuples, la valeur des institutions compte pour peu de chose, et le caractère des hommes pour beaucoup, c’est l’exemple de Titus et de Domitien, le premier et le second successeurs de Vespasien. Nés du même père, élevés à l’empire dans les mêmes conditions, ils ont régné dans les mêmes circonstances et sur la même société. On a appelé l’un les délices du genre humain, l’autre en est de venu l’horreur. Titus se plaisait à dire qu’il avait perdu sa (suite…)
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Vespasien (22 décembre 69-23 juin 79)

Après le spectacle d’injustifiables et criminelles ambitions qui montent à l’assaut du pouvoir, appuyées par une soldatesque en révolte, au milieu des provinces ravagées et dans Rome en feu, on est heureux de voir arriver au trône une honnête ambition qui ramènera l’ordre dans Rome et dans les provinces. Tel est le caractère de l’avènement et du règne de Vespasien.Né dans la petite ville italienne de Réate, petit-fils d’un soldat, fils d’un receveur intègre, Vespasien fut un bon général et un administrateur économe sur le trône. Son père avait laissé, comme receveur du quarantième, une si bonne réputation en Orient, (suite…)
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Galba, Othon et Vitellius

Vitellius L’impératrice Livie, à ce que nous raconte Suétone, avait fait planter dans ses jardins un laurier, pour que chaque César vînt y cueillir la branche qui devait servir à son triomphe, et le rejeton qu’il plantait à son tour. Le laurier de chaque César mourut en même temps que celui qui l’avait planté. A la mort de Néron tout le plant de lauriers avait disparu. La famille césarienne s’était détruite de ses propres mains; chaque empereur avait comme pris à tâche d’en couper à la racine les nouveaux rejetons. Sur quarante-deux princes que la famille césarienne avait comptés par (suite…)
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Néron (13 octobre 54-8 juin 68)

Agrippine avait les traditions de l’empire. A la mort de Claude, elle cacha la catastrophe le plus longtemps qu’elle put pour tout préparer à loisir; elle travailla l’armée, disposa les esprits et fit apprendre son rôle au jeune Néron par son précepteur Sénèque. Tout bien disposé, tandis qu’elle-même occupait Britannicus de ses embrassements, de sa douleur, de ses consolations, Burrhus présenta Néron aux gardes du palais, et ceux-ci le conduisirent au camp des prétoriens. Là, Néron débita la harangue préparée par son maître, promit aux soldats le donativum et fut solennellement proclamé. L’héritier de l’adoption supplantait l’héritier du sang. Ce (suite…)
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Claude (24 janvier 41-13 octobre 54)

C’est un des caractères des monarques absolus de tomber souvent sous la domination de petites gens méprisables ou méprisés, ou sous l’empire de femmes qui rencontrent dans les plus mauvaises passions le secret de leur puissance. L’empire romain n’a pas échappé à un péril de ce genre. Ces souverains de fait, ne pouvant ou ne voulant prendre soit parmi les nobles, soit même dans la cité romaine, les instruments de leur autorité, allèrent les chercher à la porte de sortie de l’esclavage, parmi les affranchis. Dans une monarchie dont la question principale, l’hérédité, n’était pas réglée, les femmes, qui ont (suite…)
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Caligula (16 mars 37-24 janvier 41)

Caligula Rarement le proverbe : Tels parents, tels enfants, fut aussi cruellement démenti que dans la personne du dernier fils du glorieux Germanicus et de la belle et sévère Agrippine, Caïus, surnommé Caligula, le successeur de Tibère.Rien ne recommandait le nouvel empereur, pas même sa jeunesse. Ses traits, quoiqu’ils ne fussent pas dépourvus de beauté, étaient défigurés par une pâleur livide, par une calvitie précoce, une maigreur extrême, et surtout une étrange contraction des muscles que le marbre même a reproduite. Son corps était monté sur des jambes longues et grêles, sa démarche était chancelante et saccadée, sa voix rauque (suite…)