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Cinquante empereurs ou tyrans (235-285)

Anarchie politique et morale de cinquante ans Gordien III Le sort de tout gouvernement né avec quelque vice d’origine ou fondé sur une erreur, est de finir par une anarchie, d’autant plus longue et plus effroyable que l’erreur a été plus lourde et le vice plus grave. Le gouvernement des premiers Césars a fini par la démagogie militaire d’Othon et de Vitellius. Le siècle des Antonins a fini par Commode. L’empire militaire, restauré par Septime Sévère, s’est terminé par cinquante années de convulsions sans nom, où la société civilisée a failli périr : de 235 à 285. C’est la plus (suite…)
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Sévère Alexandre (11 mars 222-18/19 mars 235)

A la mort d’Héliogabale, l’occasion était belle pour ce qu’on peut appeler avec quelque raison dans l’Empire le parti civil, composé de lettrés, de philosophes, et surtout alors de jurisconsultes, depuis que l’enseignement du droit, devenu public à partir d’Adrien, avait perfectionné encore cette science et multiplié ses adeptes. Le sénat tenta en effet de s’approprier, pour ainsi parler, le nouvel empereur, Alexandre, en lui conférant en un jour les titres de César, d’Auguste, avec le grand pontificat, la puissance tribunitienne et l’empire proconsulaire. Il aurait voulu, pour prendre encore mieux possession de lui, lui faire adopter le nom d’Antonin, (suite…)
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Pertinax, Didius Julianus, Septime Sévère

Septime Sévère L’empire romain avait duré plus d’un siècle et demi, et il n’y avait encore, après Commode comme après Néron, aucune loi pour régler la transmission du pouvoir. La vertu des Antonins avait donné à l’adoption, par quatre choix heureux, la force d’une institution. Marc Aurèle, arrivé au trône par ce moyen, avait cru pouvoir essayer de l’hérédité en faveur de son fils Commode. L’indignité du sujet fit tout manquer. Qui allait encore disposer du pouvoir ? le sénat, le peuple ou les soldats ? Le gouvernement libéral des Antonins avait rendu de la force et du crédit à (suite…)
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Commode (18 mars 180-31 décembre 192)

S’il est un fait qui compromette singulièrement la valeur politique de l’empire romain, c’est la brusque interruption du siècle heureux et grand des Antonins, par un règne où le honteux le dispute à l’effroyable. Après cent années de bonheur et de paix, on quitte une série de princes dont trois sont admirables, pour tomber sans transition, et comme sans cause, dans un prince pour lequel les épithètes d’ignoble et d’atroce ne sont pas trop fortes. A quoi attribuer cette étonnante chute ? Un changement de souverain ne suffit pas pour en rendre compte. Le défaut d’institutions monarchiques régulières, l’absence de (suite…)
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Marc-Aurèle (8 mars 161-17 mars 180)

« Au siècle des Antonins », dit Montesquieu, « la philosophie stoïcienne s’étendait et s’accréditait dans l’empire. Il semblait que la nature humaine eût fait un effort pour produire d’elle-même cette philosophie admirable qui était comme ces plantes que la terre fait naître dans des lieux que le ciel n’a jamais vus ».« Les Romains lui durent leurs meilleurs empereurs. Rien n’est capable de faire oublier le premier Antonin que Marc-Aurèle qu’il adopta. On sent en soi-même un plaisir secret quand on parle de cet empereur; on ne peut lire sa vie sans une espèce d’attendrissement : tel est l’effet qu’elle produit, qu’on a meilleure (suite…)
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Hadrien (Adrien) (10 août 117-10 juillet 138) et Antonin (11 juillet 138-7 mars 161)

Antonin Parmi les traités de morale que les besoins et le spectacle du temps ont inspirés à Plutarque, il en est deux qu’on n’a pas assez remarqués : l’un conseille à la philosophie, qui comprenait alors la science et la sagesse, de hanter les palais des princes, si elle veut remplir tout son office; l’autre conseille aux princes de devenir savants et sages s’ils veulent bien gouverner. « La philosophie ne se propose point en effet pour but », dit-il, « comme la sculpture, de faire des statues immobiles et muettes, mais des créatures vivantes et agissantes; et quand elle pénètre l’esprit, ou (suite…)
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Trajan (28 janvier 98-8/9 août 117)

Trajan «Enfin nous respirons, à l’aurore d’un siècle qui promet l’association si difficile du pouvoir et de la liberté. Nos pères avaient vu les excès de la licence; nous avons vu les excès de la tyrannie, qui n’a été égalée que par notre patience. Après quinze années d’un règne qui a vu périr les plus grands et les plus courageux de nos concitoyens, nous survivons pour ainsi dire à nous mêmes; car, il faut retrancher de notre vie le temps où, dans le silence du tombeau, jeunes nous sommes arrivés à l’âge mûr, mûrs à la vieillesse.» Telles sont les (suite…)
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Titus (24 juin 79-13 septembre 81) et Domitien (14 septembre 81-18 septembre 96)

Titus S’il est une preuve frappante de cette vérité que, dans les affaires humaines et dans les conditions de bonheur des peuples, la valeur des institutions compte pour peu de chose, et le caractère des hommes pour beaucoup, c’est l’exemple de Titus et de Domitien, le premier et le second successeurs de Vespasien. Nés du même père, élevés à l’empire dans les mêmes conditions, ils ont régné dans les mêmes circonstances et sur la même société. On a appelé l’un les délices du genre humain, l’autre en est de venu l’horreur. Titus se plaisait à dire qu’il avait perdu sa (suite…)
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Vespasien (22 décembre 69-23 juin 79)

Après le spectacle d’injustifiables et criminelles ambitions qui montent à l’assaut du pouvoir, appuyées par une soldatesque en révolte, au milieu des provinces ravagées et dans Rome en feu, on est heureux de voir arriver au trône une honnête ambition qui ramènera l’ordre dans Rome et dans les provinces. Tel est le caractère de l’avènement et du règne de Vespasien.Né dans la petite ville italienne de Réate, petit-fils d’un soldat, fils d’un receveur intègre, Vespasien fut un bon général et un administrateur économe sur le trône. Son père avait laissé, comme receveur du quarantième, une si bonne réputation en Orient, (suite…)
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Galba, Othon et Vitellius

Vitellius L’impératrice Livie, à ce que nous raconte Suétone, avait fait planter dans ses jardins un laurier, pour que chaque César vînt y cueillir la branche qui devait servir à son triomphe, et le rejeton qu’il plantait à son tour. Le laurier de chaque César mourut en même temps que celui qui l’avait planté. A la mort de Néron tout le plant de lauriers avait disparu. La famille césarienne s’était détruite de ses propres mains; chaque empereur avait comme pris à tâche d’en couper à la racine les nouveaux rejetons. Sur quarante-deux princes que la famille césarienne avait comptés par (suite…)