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Néron (13 octobre 54-8 juin 68)

Agrippine avait les traditions de l’empire. A la mort de Claude, elle cacha la catastrophe le plus longtemps qu’elle put pour tout préparer à loisir; elle travailla l’armée, disposa les esprits et fit apprendre son rôle au jeune Néron par son précepteur Sénèque. Tout bien disposé, tandis qu’elle-même occupait Britannicus de ses embrassements, de sa douleur, de ses consolations, Burrhus présenta Néron aux gardes du palais, et ceux-ci le conduisirent au camp des prétoriens. Là, Néron débita la harangue préparée par son maître, promit aux soldats le donativum et fut solennellement proclamé. L’héritier de l’adoption supplantait l’héritier du sang. Ce (suite…)
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Claude (24 janvier 41-13 octobre 54)

C’est un des caractères des monarques absolus de tomber souvent sous la domination de petites gens méprisables ou méprisés, ou sous l’empire de femmes qui rencontrent dans les plus mauvaises passions le secret de leur puissance. L’empire romain n’a pas échappé à un péril de ce genre. Ces souverains de fait, ne pouvant ou ne voulant prendre soit parmi les nobles, soit même dans la cité romaine, les instruments de leur autorité, allèrent les chercher à la porte de sortie de l’esclavage, parmi les affranchis. Dans une monarchie dont la question principale, l’hérédité, n’était pas réglée, les femmes, qui ont (suite…)
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Caligula (16 mars 37-24 janvier 41)

Caligula Rarement le proverbe : Tels parents, tels enfants, fut aussi cruellement démenti que dans la personne du dernier fils du glorieux Germanicus et de la belle et sévère Agrippine, Caïus, surnommé Caligula, le successeur de Tibère.Rien ne recommandait le nouvel empereur, pas même sa jeunesse. Ses traits, quoiqu’ils ne fussent pas dépourvus de beauté, étaient défigurés par une pâleur livide, par une calvitie précoce, une maigreur extrême, et surtout une étrange contraction des muscles que le marbre même a reproduite. Son corps était monté sur des jambes longues et grêles, sa démarche était chancelante et saccadée, sa voix rauque (suite…)
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Tibère (18 septembre 14-16 mars 37)

Tibère Auguste n’avait ni détruit la république, ni édifié l’empire. Le peuple romain n’avait pas abdiqué entre les mains de son nouveau maître; il n’avait consenti que tacitement à l’établissement du pouvoir d’un seul. Auguste lui-même n’aurait pas songé à demander, à accepter cette abdication, ce consentement. Sa politique, toute contraire, était de fonder le pouvoir d’un seul, en laissant croire qu’il ne changeait rien dans l’État. Cinquante années durant, il prolongea cette équivoque, laissant à son successeur le soin de l’éclaircir; c’est ce qu’il ne faut pas oublier en jugeant Tibère. Pendant longtemps, et avec quelque raison, Auguste scellait (suite…)
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Auguste (16 janvier 27 av. J.C./19 août 14 ap. J.C.)

L’empereur Auguste The University of Texas at Austin Nous prenons le fondateur de l’empire, Octave, comme il s’appelait encore, au lendemain de la bataille d’Actium et de la mort d’Antoine. Elles lui livrent la république romaine et la domination du monde. Il passe de la guerre civile au gouvernement, de l’assaut à l’exercice du pouvoir. De triumvir il devient souverain.C’était trente ans avant Jésus-Christ. Rome attendait le vainqueur, le maître. Le sénat et le peuple l’appelaient de tous leurs désirs et de toutes leurs craintes. La république se donnait à lui avec toute la puissance qu’elle exerçait sur le monde. (suite…)
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Les littératures nationales, les découvertes

Les littératures italienne et française        Édouard III assiégeant Berwick (1333),     Jean Froissart A mesure que le moyen âge avait approché de sa fin, l’individualité des nations s’était dessinée davantage. Longtemps la vie intellectuelle s’était presque exclusivement renfermée dans la société religieuse et exprimée dans la langue de l’Église qui était aussi la langue universelle, le latin. Maintenant la pensée se sécularisait, la société laïque allait à son tour penser, parler, écrire en autant d’idiomes qu’il y avait de nations. Déjà chacune avait le sien, non plus seulement parlé par la foule, mais élevé pour plusieurs à (suite…)
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L’Eglise de 1270 à 1453

Signes avant-coureurs d’une civilisation nouvelle   Une Papauté d’Avignon Nous avons vu le moyen âge préparer une révolution politique et une révolution sociale, la première qui va substituer un pouvoir central à tous les pouvoirs locaux et qui mettra au-dessus des seigneurs la volonté du roi; la seconde qui affranchit les serfs, élève la bourgeoisie et commence la fortune du tiers état.Mais les peuples modernes ne s’éloignent pas seulement de l’organisation politique et sociale du moyen âge, ils prennent un autre esprit, et déjà dans la religion, dans les lettres, dans les idées se montrent les signes avant-coureurs de changements bien (suite…)
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Les États espagnols, scandinaves et slaves

L’Espagne de 1252 à 1453. Suspension de la croisade           Le siège de Constantinople; J. de Tavernier Nous avons raconté la croisade espagnole jusqu’aux grands succès de l’Aragon, du Portugal et de la Castille, au milieu du treizième siècle, alors que les deux premiers atteignirent les limites qu’ils ne dépassèrent plus et que le troisième enveloppa le dernier débris de la puissance musulmane réfugié dans le royaume de Grenade. Il semblait alors qu’il n’y eût plus qu’un faible effort à faire pour reconquérir la péninsule. Adossés aux Alpujarras, ils tinrent ferme durant encore deux siècles et (suite…)
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L’Allemagne de 1250 à 1453

Grand interrègne (1250-1273). Envahissement des biens et des droits impériaux L’autorité impériale s’était usée en Italie sous les différentes dynasties qui avaient possédé le trône d’Otton le Grand, et particulièrement sous celle des Hohenstaufen. Après la mort de Frédéric II (1250), que l’on peut considérer comme ayant mis fin au règne de la maison de Souabe, il y eut un affranchissement général dans les deux pays où s’exerçait cette autorité. On a vu l’Italie livrée à elle-même, mais fatiguée par la lutte séculaire de l’Empire et du saint-siège, rester incapable d’acquérir l’unité politique. Le sort de l’Allemagne fut analogue. Là (suite…)
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L’Italie de 1250 à 1453

L’Italie après la querelle des investitures; ruine de tout pouvoir central (1250). Manfred et Charles d’Anjou Au milieu du combat gigantesque que se livraient pour les investitures et pour la domination universelle les deux pouvoirs suprêmes de la chrétienté, l’Empire et le saint-siège, l’Italie, théâtre et victime de la lutte, n’avait pu arriver à l’indépendance. Quand la puissance de l’empereur et celle du pape déclinèrent, on eût pu croire qu’elle allait enfin se saisir de ses propres destinées; il n’en fut rien; elle conserva l’habitude des discordes intestines et celle d’immiscer l’étranger dans ses querelles de partis. Pourtant, au milieu (suite…)